Algérie mon amour
Temps fort autour de l’Algérie (1962-2022) et du fait colonial.
Et je dis que de la colonisation à la civilisation, la distance est infinie ; que, de toutes les expéditions coloniales accumulées, de tous les statuts coloniaux élaborés, de toutes les circulaires ministérielles expédiées, on ne saurait réussir une seule valeur humaine.
Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme
Un cycle réalisé en partenariat avec Fatih Nour Naceur.
Mardi 1er février · 19 h 30 · 6 € · Foyer
RUGISSANTE
L’Histoire navrante de la mission Mouc-Marc · de Frédéric Sounac
> Lecture concert par Jean-Marie Champagne & Auguste Harlé (violoncelle)
Voici L’Histoire navrante de la mission Mouc-Marc de Frédéric Sounac, une fantaisie délirante sur la colonisation et ses joyeusetés, que vient de publier les éditions Anacharsis…
En février 1885, un jeune homme de vingt-trois ans, nommé Firmin Falaise, grelottait sur le pavé berlinois. Bien qu’il fût écarté des discussions les plus importantes, dont celles qui décidèrent des modalités de navigation sur le fleuve Congo ou de la souveraineté de la France sur la rive droite de l’Oubangui, il avait été choisi, au sein d’une petite cohorte d’ambitieux, pour accompagner Alphonse Chodron de Courcel à la Conférence de l’Afrique de l’ouest. De la salle des débats, il n’avait aperçu, très fugitivement, que les tentures curieusement élimées et l’éclat d’une carafe de cristal, mais il était tout de même satisfait : d’une manière ou d’une autre, il ferait carrière. La chance lui souriait, et de surcroît, il se trouvait joli garçon ; son pénis, en particulier, lui inspirait la plus grande vénération, de sorte qu’il jalousait presque les femmes (dont à vrai dire il ne savait pas grand-chose) d’avoir un si bel objet à caresser.
Dimanche 6 février · 18 h · Prix libre · Foyer
Fethi trab
> Concert par Fatih Nour Naceur & ses invités
Entre folk, raï et rock, la musique de Fethi nous parle d’une Algérie méconnue et fascinante. Poète, chanteur et guitariste, il chante les grands espaces, les plateaux râpés de l’Algérie rurale dans laquelle il a grandi. Sa musique, le trab (poussière, en arabe), prend ses racines dans les chants traditionnels ancestraux, le raï et le rock, l’Afrique des Farka Touré mais aussi dans la folk américaine. Elle évoque le déracinement, l’union, l’amour, la transgression et la souffrance. En toute beauté. Le résultat : une musique envoûtante, simple et savante à la fois festive et propice à la méditation.
Lundi 7 février · 21 h · Prix libre · Foyer
IMPRÉVU DU LUNDI
Deux regards sur la poésie et l’Algérie…
Claude Ber d’abord pour son texte Je ne sais l’Algérie que d’oreille. Une histoire où « du miel coulait avec du sang ». C’était compliqué pour l’enfant. Il y avait ceux d’ici et ceux qui venaient de là-bas, dont les uns étaient algériens, les autres français, il y avait les Fellaghas, les Pieds-noirs, les Harkis, des noms que j’entendais comme ceux des tribus indiennes de bande dessinées au milieu d’autres hurons, iroquois, cheyennes ou apaches.
Fatih Nour Naceur ensuite pour une conférence concert sur un genre poétique algérien typiquement féminin : les maddahât. Ces ensembles vocaux féminins animent les mariages, baptêmes et veillées religieuses dans le nord ouest alégrien (Oran). Elles se produisent devant un auditoire exclusivement féminin. Les thèmes peuvent être mystiques, panégyriques, portés par une poésie complexe ou bien, plus festifs, destinés à la danse avec des rimes abordant le quotidien et la vie intime des femmes.
Mardi 8 février · 19 h 30 · 6 € · Foyer
RUGISSANTE
Sous le burnous · d’Hector France
> Lecture par Kenza El Bakkali & Lilas Pigois (violoncelle)
Hector France n’est pas un écrivain pour lecteurs et lectrices délicat·es. Officier en Algérie durant les années 1860, il écrit Sous le burnous à partir de ses souvenirs de jeunesse… Seize fictions s’enchainent pour former les mille et un jours du cauchemar colonial. Armé d’un style affûté et d’un humour grinçant, loin de se complaire dans des bizarreries exotiques nimbées des vapeurs du kif, il écorche vif l’orientalisme flamboyant : délires de soldats traumatisés, bassesses révulsantes de misérables poussés à la dernière extrémité, ignominies des puissant·es – le cynisme et l’oppression envahissent la scène jusqu’à basculer parfois dans l’horreur pure. La gifle remue aujourd’hui avec d’autant plus d’efficacité que Sous le burnous, paru en 1886, constitue comme une épouvantable préface à l’autre guerre d’Algérie – en réalité la même, sans doute – dont les plaies profondes n’ont pas fini de suppurer.
Mardi 8 février · 21 h · Prix libre · Foyer
Trab tour
> Musique chaâbi – Raï jam
Une jam pour se plonger aux sources des musiques populaires algériennes…
Une jam comme une balade à la découverte des musiques du maghreb, du diwane au maalouf en passant par le raï et le chaâbi.
Voici le pari du #TRABTOUR.
Chaque fois, le #TRABTOUR accueillera un «cheikh» pour mettre à l’honneur sa «senâa» (sa discipline musicale), partager avec lui son savoir et assurer une scène ouverte des plus festives et dépaysantes.
Samedi 12 février · 14 h > 18 h · Ouvert à tou·tes
Atelier d’arpentage avec le collectif La Volte
> Ou comment lire et penser collectivement
Arpenter un livre c’est le lire ensemble… c’est partager ses idées, ses réflexions lors d’un moment de lecture collective autour d’un même ouvrage.
L’arpentage est une méthode de lecture inventée au XIXe par des collectifs ouvriers et redécouverte par des associations d’éducation populaire. Elle permet de s’approprier un livre a priori difficile, de dédramatiser le rapport à la lecture et à la compréhension d’ouvrages dits compliqués, et d’encourager chacun·e à exprimer son avis et ses sensations au sujet de ces ouvrages. Vous êtes tous et toutes les bienvenues !
Ouvrages pressentis* : Une enfance algérienne, textes recueillis par Leïla Sebbar ; La Tristesse est un mur entre deux jardins, de Michelle Perrot et Wassyla Tamzali, Néo-colonialisme de Kwame Nkrumah; …
* Le livre arpenté est choisi sur le moment par les personnes présentes. N’hésites pas à ramener un livre en lien avec la thématique. Si c’est celui que l’on arpente, on te le rembourse!