lundi 05 décembre

IMPRÉVU DU LUNDI / Conférence : séparer l’homme de l’artiste

Genre : Table ronde

Salle : Foyer

Horaire : 21 h

Des podcasts produits par l’équipe de Vénus s’épilait-elle la chatte ? sur Picasso, au fameux « Désormais on se lève et on se barre » de Virginie Despentes suite au geste d’Adèle Haenel aux Césars pour protester contre la statuette attribuée à Polanski ; du mouvement Metoo – qui permit la prise en considération de la parole des femmes –, au Musée Picasso (justement !) qui choisit aujourd’hui de venir questionner ces portraits de femmes, ces figures de minotaure, l’exploitation du modèle féminin dans et hors de l’oeuvre du peintre… Notre époque vient ébranler la figure mythique de l’artiste, duquel on était censé accepter toutes les lubies, tous les écarts – notamment sexuels –, pourvu que l’oeuvre soit géniale. Et c’est peut-être pour le mieux. Mais quel sort réserver à leurs oeuvres ? Peut-on, doit-on séparer l’homme de l’artiste ?

Et on pensera alors, en regardant du côté de l’antisémitisme, à Céline et à ses inédits publiés en 2022 avec tambour et trompettes, alors qu’en 2011 il était encore banni des commémorations nationales, avec un débat sur la différence entre la « célébration » ou la « commémoration » d’un artiste…

Si l’on allait vers la pensée décoloniale, comment doit-on lire aujourd’hui le méconnu mais stupéfiant Discours sur l’Afrique prononcé par Victor Hugo le 18 mai 1879 en hommage à Victor Schoelcher et la non moins sidérante introduction que ce dernier lui réserva ? L’un oeuvra à l’abolition de l’esclavage, l’autre écrivit des piliers de la littérature mondiale et développa une pensée fondamentale contre la peine de mort, contre le système carcéral, sur les mécanismes de la misère… et pourtant, les discours de ces deux-là, ce fameux 18 mai 1879, seraient inadmissibles aujourd’hui… Et se souvient-on de la façon dont Hugo traita Juliette Drouet, son amante, qu’il obligea à vivre recluse de longues périodes de sa vie pour l’attendre…

Concernant la pesante histoire de l’esclavage, on pourrait revenir au travail fondamental de Lluis Sala-Molins qui s’attaqua méthodiquement à tous les philosophes des Lumières pour dénoncer, au mieux leur ambiguïté par rapport à la traite des Noirs, au pire leur participation consciente au commerce triangulaire et le profit qu’ils en tiraient…

N’en jetons plus… mais posons la question : peut-on séparer l’homme de l’artiste ?Le faut-il ? Quels sont les enjeux sous-entendus par cette question ?

À l’occasion de programmation de Sade X, nous vous proposons d’ouvrir le débat.